CR - Voyage en Bourgogne

Un peu tard, mais c'est mieux qu'en corbillard!

Comme bien d'autres choses d'ailleurs!

JOUR 7 – L’inattendue et la déception

Durant notre séjour en Bourgogne, l’un des plus grand plaisir est de promener au gré du vent, à travers les vignes, à travers les villages. De trouver, non sans hasard car on a étudié nos cartes – un terroir qu’on chérit. De trouver, par pur hasard, un domaine qu’on vénère!

Alors, c’est sûr, on cherche et trouve DRC. On s’y aventure même! On se promène autour des vignes de Richebourg, de Romanée-Conti, du Clos de la Roche… On marche un peu et on tombe face à face avec le domaine Roumier. Un mythe, pour moi.

J’avais écrit au domaine pour solliciter une visite. Sans réponse malheureusement. Je respecte cela, au sens où les domaines ont des ressources limitées et je préfère qu’ils travaillent dans les vignes ou au chai que derrière l’ordi. Je préfère recevoir un « non » que rien du tout, mais je ne m’en formalise pas. Je n’aurais jamais eu l’audace d’aller cogner à la porte. Mais mon ami Hugo, du haut de ses 6 pieds 4 pouces et loin de toute gêne, décida d’y aller, en ce mardi ensoleillé…

Hugo revient presque à la course, en criant presque aussi… « Fred Fred Fred, vient avec moi – elle veut nous prendre mais je en connais pas notre horaire! ».

« Elle », c’est Delphine, la sœur de Christophe. Moi, je suis excité comme une écolière qui sait qui aura son premier baiser au parc en face de l’école sur l’heure du dîner…

Hugo retourne donc, avec moi dans ses souliers. Il m’introduit – « voilà, c’est Fred – il contrôle l’horaire et connait bien le vin. » On jase un peu, je lui dit que j’avais envoyé un courriel, elle me dit qu’ils reçoivent peu, elle me dit même « je ne vous ai probablement pas répondu ». Je lui pardonne. Elle me demande nous sommes libre quand. Je lui dis que nous sommes libres quand ils le sont. On s’entend sur une date et heure, qui m’obligera à déplacer un de nos rendez-vous. Mais je suis heureux et excité, et fier de Hugo!

Ainsi donc, après avoir rencontré brièvement Christophe Roumier chez un caviste de Beaune, nous voilà avec un rendez-vous pour déguster les vins que, je crois j’apprécie le plus en bourgogne. C’est dire, j’ai eu de la difficulté à m’endormir la nuit avant. J’étais réveillé tôt le matin même. Et encore aussi excité pour ce premier baiser!

On y arrive donc en ce beau matin. C ‘est encore Delphine qui nous accueille et nous jumelle à deux gros clients Allemands, visiblement en moyens, très connaisseurs, très sympathiques – un chirurgien cardiaque, l’autre orthésiste ou quelque chose du genre. Ce que je sais par contre, c’est qu’ils ont quitté avec quelques caisses, les chanceux! Et qu’ils visitaient aussi DRC comme on entre aux Hospices de Beaune! Anyway, si ces gars-là n’y sont pas, nous n’y sommes pas non plus – Delphine nous a jumelé à sa seule visite de la semaine. Cette dernière saute de l’anglais au français à l’allemand. Un grand plaisir.

Dans nos verres, c’est là que ça se passe!

Chez Roumier, c’est le seul endroit où tous les vins m’ont renversé… J’adore!

On commence avec le Chambolle-Musigny Village 2012, sur fût, malo pas terminées. Le vin est séduisant, avec une petite amertume et des fruits rouges. Il est déjà beau, malgré son stade. On commence fort, je me dis. Il se boit tout seul!

On enfile avec le Morey-St-Denis 1er cru Clos de la Buissière 2012, sur fût. Un monopole. Le vin le moins typique « Roumier », amha. Mais gourmand, droit, sur les épices, avec une belle mâche.

Puis vient le Chambolle Musigny 1er cru Les Cras 2012, sur fût. J’avais bu le 2007 chez Michel T. et avais été renversé. Celui-ci me réserve le même traitement! Superbe fruité, long, ample, une énergie hors du commun, velouté – le touché de bouche caractéristique des vins de Roumier! Mais comment font-ils? Superbe!

Enfin. Chambolle Musigny 1er cru Les Amoureuses 2012, sur fût. Finesse. Aérien. Violettes. Harmonie. Équilibre. Framboises. Une merveille, dis-je.

Comment passer après Les Amoureuses? Facile! Avec Charmes Chambertin 2012, sur fût. Oulala! Il porte bien son nom, il charme! Un vin de méditation qui se boit tout seul. Une longueur extraordinaire!

Alors comment passer après autant de charme? Avec le Ruchottes Chambertin 2012, sur fût. Un nez explosif et puissant, sur le fruit et le cacao. Incroyable! Quelle dentelle! C’est long, long, long!!!

Le crescendo peut-il continuer? Bonnes Mares 2012, sur fût, nous le dira! Un vin moins charmant, plus sérieux, mais tout aussi bon! Charpenté. Pour la garde. Moins d’émotion, moins de plaisir, mais tout aussi grand!

Bon, ouvrons une bouteille ou deux pour finir… Les Cras 2011. Pure. Un touché de bouche soyeux à souhait. Long, équilibré, fruits rouges et violette. Miam!

Et pour terminer, Bonnes Marres 2011, qui a un touché de bouche encore plus velouté! Une énergie incroyable. J’écris : grandiose! Mon ami allemand me dit, en français : « pas si mal… » Wow!

Les vins de Roumier furent mes préférés. Leur touché de bouche me renverse. J’en veux!!!!

En sortant de cave, on rencontre Christophe, qu’on avait vu chez le caviste il y a quelques jours. On jase vin pour 30-35 minutes avec lui. On réussi à le convaincre – Hugo encore! – de nous vendre chacun un bouteille – n’importe laquelle! Delphine nous filera donc 1x Les Cras, 1x  La Buissière et 1 Chambolle Village. On tirera les bouteilles au sort à pareil-pas pareil. C’est Hugo qui gagne (Les Cras) – il l’a bien mérité!

Quelle visite! Et tant mieux, parce que la clôture de nos visites de domaines en bourgogne est pas mal moins intéressante… à venir : Dujac!

Note à Pierre Séguin: oui, tu peux me donner une allocation!!!!  

Deux super CRs Fred!
Je suis content de te savoir comme une écolière....
Je te comprends tellement......difficile de dormir la nuit avant une grande visite!

Merci

Michel Therrien a écrit:Deux super CRs Fred!
Je suis content de te savoir comme une écolière....
Je te comprends tellement......difficile de dormir la nuit avant une grande visite!

Merci

Merci Michel!
J'ai bien hâte d'en ouvrir une avec toi!

Salut Fred,

Très beau Cr, on a l’impression d’y être! Merci.   
Super la visite à l’improviste chez Roumier…

Frederik Boivin a écrit:
Meurseault Vieilles Vignes (de Côteaux) 2012, sur fût. Assemblage de 3 villages dont je n’arrive à relire les noms! J’ai écrit que c’était une belle grassouillette qui virait sur le citron et le miel. Fort agréable

Meurseault VV Bas de pelland et Épaule xx (??? Dieu que j’écris mal!) 2012, sur fût. Gras, long, melon miel. Une coche en haut du dernier. Fort plaisant.

Pour les parcelles, probablement Meix Chavaux et Vireuils-dessous, sur les coteaux nord de la commune, pour le premier assemblage et Pellans, Marcausse, Vignes Blanches (et peut-être Millerands), tous en bas de coteaux, pour le second.

Merci Alex!

épaule de Millerands

Dernière partie du périple en Bourgogne donc – notre dernier rendez-vous était chez Dujac. J’avais bien hâte d’y faire visite car Dujac était une maison que j’appréciais à travers à peu près tous les niveaux de ses vins. De plus, Jeremy et Alec ont à peu près mon âge, et Jeremy habite juste derrière la maison que nous louions.

Ainsi, c’est ce dernier qui nous accueille – j’en suis ravi car il me semblait le plus simple, le plus accessible et le plus sympathique. Mais, ô malheur, Jeremy nous amène dans un grand salon nous disant que son frère viendra nous prendre en charge, nous trois et… 6 autres personnes. Notre premier « groupe » de dégustation, à l’américaine, avec des gens de différents intérêts, différents niveaux de connaissances… rien pour me rassurer, surtout que presque tout ce que nous avons vécu jusqu’à maintenant était tip top, et super personnalisé.

Ainsi donc commençait ma grande déception du voyage, et malheureusement c’est sur cette note amère que nous allions quitter la Bourgogne. Les vins étaient bons, mais je suis un émotif, et je ne peux dissocier les vins de l’expérience, les vins des personnes derrière le vin…

On sort donc, dizaine de visiteurs, à l’extérieur où Alec nous présente les vignes. En anglais. En fait, il part sa cassette, et n’aime pas se faire interrompre par mes questions que gras qui veut en connaître plus. Je le dérange, je crois. C’est intéressant, mais trop aseptisé, trop planifié et appris par cœur. Enlevez le mot cœur! On y apprend entre autres que ni lui ni son frère ne travaillent dans la vigne. Il nous dit qu’il aime le confort et le réconfort de son spreadsheet excel!!! Holà!

On descend en cave, et dégusterons en un temps record – il devait y avoir un match de cricket local en reprise à la télé, 7 vins. À la course. Sans chaleur. Sans cœur. Avec la cassette et l’irritabilité lorsque je m’aventure à trop commenter ou à poser une question. En français par surcroit!

Dans nos verres, donc :

Monts Luisants 2010. Notes grillées, tendu, belle précision et belle énergie. Minéral et acide.

MSD Villages 2011. Sur les épices et les fruits.

MSD 1et Cru (sans lieu-dit) 2011, issu de 4 parcelles dont je ne peux lire le nom sur mes notes (calling Alex et Michel T.!!!). Un peu astringent mais tout de même gourmand. Sur les épices typiques de Dujac.

Gevrey-Chambertin 1er crus les Combottes 2011. Plus de structure, plus sérieux. Sur le menthol et les petits fruits rouges. Un peu asséchant. Je n’aime pas vraiment.

Clos de la Roche 2011. Texture soyeuse, bel équilibre. Puissant. Très beau vin. Nez typique de Dujac – mais Alec me dit qu’il n’y a pas de nez typique de Dujac. Presque bêtement! Passons!

Clos St-Denis 2011. Très élégant, grain plus granuleux (!), acide – laissons-le dormir! Je lui préfère le CdlR, mais c’est un beau vin.

On termine le sprint – vite on va pouvoir voir le concert de Léandre en reprise à ArtTV, avec le Clos de la Roche 1996. Malgré que mon cœur n’est pas avec Dujac, je dois m’incliner – le vin et superbe, avec un nez incroyable sur le menthol, les épices et les groseilles. Explosif, concentré, énergique, aérien et long. Mais un vin de tête.

Bon, sautons dans la BM, et retournons à Paris acheter du lilas et manger des croissants chez Pierre Hermé…

(et prendre 6 mois pour écrire le CR du voyage!)

Dis donc, la session est finie?

Blague à part, merci!

Vincent Messier-Lemoyne a écrit:Dis donc, la session est finie?

  

Frederik Boivin a écrit:
MSD 1et Cru (sans lieu-dit) 2011, issu de 4 parcelles dont je ne peux lire le nom sur mes notes (calling Alex et Michel T.!!!). Un peu astringent mais tout de même gourmand. Sur les épices typiques de Dujac.

À la rescousse!
Cette cuvée est composée de Ruchots à hauteur de 70%, comblée avec Clos Sorbé, Millandes et Charrières.

Merci Alex - je pouvais lire Ruchots, pas pas les autres...