Un problème majeur selon Michel Bettane
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Ludwig Desjardins
Patrick Pollefeys
Vincent Messier-Lemoyne
Yves Martineau
Jean Parent
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Un problème majeur selon Michel Bettane
Dans le dernier numéro (49) du magazine THE WORLD OF FINE WINE, (personnellement, je considère ce magazine comme l'un des meilleurs actuellement sur le marché), Michel Bettane dénonce la croissante dictature du goût que veulent imposer aux amateurs que nous sommes quelques producteurs avant tout soucieux, les malins, d'éviter la critique et ainsi de consolider une politique de prix pas nécessairement en phase avec la qualité de leurs vins, surtout quand on les compare aux crus voisins.
Vous trouverez ci-joint le lien pour lire son éditorial sur le sujet:
http://gje.mabulle.com/index.php/2015/09/13/207444-michel-bettane-nvoque-un-problnme-potentiellement-majeur
Vous trouverez ci-joint le lien pour lire son éditorial sur le sujet:
http://gje.mabulle.com/index.php/2015/09/13/207444-michel-bettane-nvoque-un-problnme-potentiellement-majeur
Jean Parent- Messages : 173
Date d'inscription : 10/09/2014
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
J'ai lu et je trouve que c'est un peu un coup de gueule....dans l'eau.
Malgré sa plume gracieuse, son message n'est pas des plus clairs et reste abstrait. En fait, je ne suis pas certain de saisir de quoi il se plaint exactement, ni qui il vise (à part les "premiers crus du Médoc") : est-ce qu'il leur reproche de ne pas fournir d'échantillons gratuits pour faire des dégustations comparatives à tout critique qui le souhaite? Ou seulement aux guides comme le sien?
Si c'est bien la plainte, ce qu'il ne précise pas, qu'est-ce qui obligerait une propriété à le faire?
Comme toujours, le commentaire de Bizeul est distrayant:
Malgré sa plume gracieuse, son message n'est pas des plus clairs et reste abstrait. En fait, je ne suis pas certain de saisir de quoi il se plaint exactement, ni qui il vise (à part les "premiers crus du Médoc") : est-ce qu'il leur reproche de ne pas fournir d'échantillons gratuits pour faire des dégustations comparatives à tout critique qui le souhaite? Ou seulement aux guides comme le sien?
Si c'est bien la plainte, ce qu'il ne précise pas, qu'est-ce qui obligerait une propriété à le faire?
Comme toujours, le commentaire de Bizeul est distrayant:
Amusant. Toujours la paille dans l'œil du vigneron, jamais la poutre dans l'œil du journaliste, qui bien, sûr est parfait et dont le comportement ne souffre aucune critique.
C'est si facile... Quand on voit ce que donne en plus une VRAI dégustation aveugle dans cette magnifique revue, on comprend bien pourquoi certains vignerons ont plaisir à envoyer des vins quand le jeu est honnête, moins quand les dès sont pipés....
Bon, de toute façon, il n'y a pire sourd que... donc, inutile d'argumenter.
On peut remplacer "quand les poules auront des dents" par 'quand la DRC sera goutée à l'aveugle"...
Et puis cette habitude de traiter les vignerons comme des élèves insupportables qui ne veulent pas mettre leur uniforme, on se croirait dans une mauvaise télé réalité de M6, "le pensionnat de Michel B.". Mieux vaut en rire.
Yves Martineau- Messages : 8403
Date d'inscription : 07/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Bizeul avait écrit ce billet à l'époque et il me semble encore tout à fait d'actualité: http://www.closdesfees.com/blogs/2011/05/31/pas-de-2010-du-clos-des-fees-dans-la-revue-du-vin-de-france/
_________________
"Mes goûts sont simples, je me contente aisément de ce qu'il y a de meilleur" - Winston Churchill
Vincent Messier-Lemoyne- Messages : 8737
Date d'inscription : 12/05/2009
Age : 40
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Yves Martineau a écrit:J'ai lu et je trouve que c'est un peu un coup de gueule....dans l'eau.
Je te rejoins. Ma première impression a été de me dire : "Où veut-il en venir?"
Le message est confus. Il est effectivement plus intéressant de lire les réponses de M. Bizeul.
Patrick Pollefeys- Messages : 661
Date d'inscription : 03/06/2009
Localisation : Québec
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
J'ai trouvé cela plus clair que vous. Je pense qu'il critique tout simplement des domaines qui se voient comme au-dessus de la mêlée et qui n'accepte pas de jouer le jeu et de voir leurs vins évalués dans certains contextes (aveugle, en comparatif, etc.). Ces grands domaines préféreraient recevoir le journaliste en privé et ainsi contrôler le contexte et ce qui peut leur être dit, agrémenté bien sûr d'un traitement agréable (repas, vieux millésimes, logis, etc.).
Ludwig Desjardins- Messages : 5777
Date d'inscription : 05/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Ludwig, tu résumes la portion abstraite que j'avais comprise, en termes aussi abstraits.
Comment ça se traduit concrètement, qui écrit les "règles du jeu" et en quoi consistent-elles? Qui vise-t-il? (à part DRC et les premiers crus bordelais mettons?)
Se plaint-il de ne pas recevoir d'échantillons gratuits, lorsqu'il parle de presse spécialisée qui est pauvre? J'ai peur qu'il s'agisse un peu de ça mais il n'ose le dire. Sinon je ne vois pas quoi ou quels contextes autres?
En vertu de quel jeu un domaine devrait-il le faire? Le jeu choisi par les critiques professionnels?
Comment ça se traduit concrètement, qui écrit les "règles du jeu" et en quoi consistent-elles? Qui vise-t-il? (à part DRC et les premiers crus bordelais mettons?)
Se plaint-il de ne pas recevoir d'échantillons gratuits, lorsqu'il parle de presse spécialisée qui est pauvre? J'ai peur qu'il s'agisse un peu de ça mais il n'ose le dire. Sinon je ne vois pas quoi ou quels contextes autres?
En vertu de quel jeu un domaine devrait-il le faire? Le jeu choisi par les critiques professionnels?
Yves Martineau- Messages : 8403
Date d'inscription : 07/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Si un domaine comme DRC ou d'autres du même calibre ne sentent pas la nécessité de donner leur vin à des journalistes c'est probablement qu'ils en ont pas besoin de le faire pour se valoriser...
Tout comme Yves j'ai de la difficulté à saisir son propos... Un domaine qui refuse de donner son vin aux journalistes devient automatiquement quelqu'un qui veux imposer son gout? Si un journaliste veux évaluer le nouveau millésime de DRC, ou qu'il refuse de le faire dans un environnement contrôlé par le domaine rien ne lui empêche d'en acheter et de rédiger un article? le domaine n'a pas d'obligation à ce niveau selon moi
Je me mets à la place du vigneron et j'aurais moi aussi tendance à publiciser mon produit avant qu'on le goute, c'est la base du marketing... C'est le principe d'une entreprise, certains vivent d'une réputation et d'autres doivent la faire ou n'ont pas su la faire.
Il mentionne je pense que les domaines tentent d'hypnotiser les consommateurs par de belles façon, beaux lieux, de belles promotions plutôt que par le contenu de leur bouteille. Or, j'ai plutôt l'impression de lire quelqu'un un peu jaloux ou frustré de l'ascension vers la gloire de certains domaine au détriment de d'autres de qualité équivalente qui n'ont pas su bien se promouvoir... il y a certainement des réputations sur faites mais je ne pense pas que tous ceux qui refusent de participer à des dégustations à l'aveugle le sont
et puis mettez vous à la place de pétrus, latour, drc et les autres grand nom, ils sont la référence, ils ont bien plus à perdre qu'a gagner, la réputation est faite et elle vie par le biais des amateurs et de l'image de la marque
quand François lurton dit qu'a sauterne il y a Yquem et il y a les autres, c'est du marketing... et si ça fonctionne c'est parce-que l'entreprise à su de démarquer, hausser son prestige, et a offert au court des années plusieurs vin grandioses... il n'impose pas son gout, il offre au consommateur sa vision du vin parfais et le consommateur lui achête ou rejette cette idée... certains dirons que Lurton à raison et d'autres non. C'est aux autres domaines se démarquer et tenter de battre le #1
Expliquez-moi...
édit: après avoir lu tous les commentaires, est-ce que Bettane ne vise pas plutôt une certaine forme de présage collusion où d'autres domaines sont favorisé versus d'autres dans certaines publication? on ne sait pas tout...
Tout comme Yves j'ai de la difficulté à saisir son propos... Un domaine qui refuse de donner son vin aux journalistes devient automatiquement quelqu'un qui veux imposer son gout? Si un journaliste veux évaluer le nouveau millésime de DRC, ou qu'il refuse de le faire dans un environnement contrôlé par le domaine rien ne lui empêche d'en acheter et de rédiger un article? le domaine n'a pas d'obligation à ce niveau selon moi
Je me mets à la place du vigneron et j'aurais moi aussi tendance à publiciser mon produit avant qu'on le goute, c'est la base du marketing... C'est le principe d'une entreprise, certains vivent d'une réputation et d'autres doivent la faire ou n'ont pas su la faire.
Il mentionne je pense que les domaines tentent d'hypnotiser les consommateurs par de belles façon, beaux lieux, de belles promotions plutôt que par le contenu de leur bouteille. Or, j'ai plutôt l'impression de lire quelqu'un un peu jaloux ou frustré de l'ascension vers la gloire de certains domaine au détriment de d'autres de qualité équivalente qui n'ont pas su bien se promouvoir... il y a certainement des réputations sur faites mais je ne pense pas que tous ceux qui refusent de participer à des dégustations à l'aveugle le sont
et puis mettez vous à la place de pétrus, latour, drc et les autres grand nom, ils sont la référence, ils ont bien plus à perdre qu'a gagner, la réputation est faite et elle vie par le biais des amateurs et de l'image de la marque
quand François lurton dit qu'a sauterne il y a Yquem et il y a les autres, c'est du marketing... et si ça fonctionne c'est parce-que l'entreprise à su de démarquer, hausser son prestige, et a offert au court des années plusieurs vin grandioses... il n'impose pas son gout, il offre au consommateur sa vision du vin parfais et le consommateur lui achête ou rejette cette idée... certains dirons que Lurton à raison et d'autres non. C'est aux autres domaines se démarquer et tenter de battre le #1
Expliquez-moi...
édit: après avoir lu tous les commentaires, est-ce que Bettane ne vise pas plutôt une certaine forme de présage collusion où d'autres domaines sont favorisé versus d'autres dans certaines publication? on ne sait pas tout...
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Je ne crois pas qu'il s'agit d'un article exceptionnel de Bettane, loin de là, il ne fait que souligner des excès d'élitisme chez certains domaines qui sous l'impulsion des marchés se voient plus big que les autres. Bien entendu il n'allait pas donner de noms...
On voit la même chose dans le monde du cinéma avec projections sous embargo, journalistes bannis pour commentaires négatifs, etc.
Je trouve aussi la réaction de Bizeul franchement exagérée et me semble une pointe surtout causée par un historique entre les deux hommes. Bettane ne me semble pas s'attaquer au petit vigneron dans son article.
Après c'est certain que les domaines sont libres de faire ce qu'ils veulent et que nous sommes dans une économie de marché, ce qui n'empêche pas un journaliste de dénoncer ce qui lui semble exagéré. La liberté va dans les deux sens...
On voit la même chose dans le monde du cinéma avec projections sous embargo, journalistes bannis pour commentaires négatifs, etc.
Je trouve aussi la réaction de Bizeul franchement exagérée et me semble une pointe surtout causée par un historique entre les deux hommes. Bettane ne me semble pas s'attaquer au petit vigneron dans son article.
Après c'est certain que les domaines sont libres de faire ce qu'ils veulent et que nous sommes dans une économie de marché, ce qui n'empêche pas un journaliste de dénoncer ce qui lui semble exagéré. La liberté va dans les deux sens...
Ludwig Desjardins- Messages : 5777
Date d'inscription : 05/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Jonathan Marquis a écrit:Si un domaine comme DRC ou d'autres du même calibre ne sentent pas la nécessité de donner leur vin à des journalistes c'est probablement qu'ils en ont pas besoin de le faire pour se valoriser...
Tout comme Yves j'ai de la difficulté à saisir son propos... Un domaine qui refuse de donner son vin aux journalistes devient automatiquement quelqu'un qui veux imposer son gout? Si un journaliste veux évaluer le nouveau millésime de DRC, ou qu'il refuse de le faire dans un environnement contrôlé par le domaine rien ne lui empêche d'en acheter et de rédiger un article? le domaine n'a pas d'obligation à ce niveau selon moi
Je me mets à la place du vigneron et j'aurais moi aussi tendance à publiciser mon produit avant qu'on le goute, c'est la base du marketing... C'est le principe d'une entreprise, certains vivent d'une réputation et d'autres doivent la faire ou n'ont pas su la faire.
Il mentionne je pense que les domaines tentent d'hypnotiser les consommateurs par de belles façon, beaux lieux, de belles promotions plutôt que par le contenu de leur bouteille. Or, j'ai plutôt l'impression de lire quelqu'un un peu jaloux ou frustré de l'ascension vers la gloire de certains domaine au détriment de d'autres de qualité équivalente qui n'ont pas su bien se promouvoir... il y a certainement des réputations sur faites mais je ne pense pas que tous ceux qui refusent de participer à des dégustations à l'aveugle le sont
...
Entièrement d'accord. Et comme son propos reste vague, on se demande s'il de déplore pas aussi une perte de pouvoir du critique, face aux domaines qui n'ont pas besoin d'eux pour vendre. On devine par exemple une frustration derrière les "Le domaine n'ayant pas cru bon nous envoyer d'échantillons, ils ne seront pas notés" qu'on lit dans le Guide RVF, alors que dans ces cas le Guide B&D ne les mentionne pas.
Yves Martineau- Messages : 8403
Date d'inscription : 07/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Un bon exemple est Beaucastel qui après avoir perdu sa troisième étoile dans le Guide de la RVF refuse maintenant de participer aux dégustations. Le domaine ne figure même pas dans l'édition 2016.
Autrement dit tant qu'ils avaient trois étoiles la RVF c'était super.
Autrement dit tant qu'ils avaient trois étoiles la RVF c'était super.
Ludwig Desjardins- Messages : 5777
Date d'inscription : 05/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Pas certain que Bettane parlait d'eux mais bon, c'est le problème de son texte, on est réduits à deviner...
Par contre à la place de Beaucastel, j'aurais peut-être fait la même chose, la décision de la RVF m'avait paru ridicule. Alors que leurs vins sont constamment au top, qu'ils travaillent sans doute aussi fort que toujours, ils se sont p-e dits qu'ils n'avaient pas besoin de la RVF pour les rabaisser, pour ce qui semblait un effet de mode ou un désir d'attirer l'attention.... Pourquoi le feraient-ils?
Par contre rien n'empêche la RVF de continuer à couvrir le domaine.
Par contre à la place de Beaucastel, j'aurais peut-être fait la même chose, la décision de la RVF m'avait paru ridicule. Alors que leurs vins sont constamment au top, qu'ils travaillent sans doute aussi fort que toujours, ils se sont p-e dits qu'ils n'avaient pas besoin de la RVF pour les rabaisser, pour ce qui semblait un effet de mode ou un désir d'attirer l'attention.... Pourquoi le feraient-ils?
Par contre rien n'empêche la RVF de continuer à couvrir le domaine.
Yves Martineau- Messages : 8403
Date d'inscription : 07/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Mais Yves la position de la RVF demeure un cas de liberté d'expression, au même titre qu'un critique cinéma peut descendre un film qui lui paraît moins bon. Si par la suite le producteur lui bloque l'accès aux projections de presse, j'ai un malaise...
Ce qu'on lit beaucoup ici relève de la logique que la critique sert avant tout à faire vendre le vin, et que si ce n'est pas le cas on peut tout simplement l'ignorer.
Il me semble que le rôle du critique face au public ne doit pas être reduit à cette logique purement mercantile. Si tous les producteurs qui se sentent lésés agissaient ainsi l'amateur perdrait beaucoup au final.
Ce qu'on lit beaucoup ici relève de la logique que la critique sert avant tout à faire vendre le vin, et que si ce n'est pas le cas on peut tout simplement l'ignorer.
Il me semble que le rôle du critique face au public ne doit pas être reduit à cette logique purement mercantile. Si tous les producteurs qui se sentent lésés agissaient ainsi l'amateur perdrait beaucoup au final.
Ludwig Desjardins- Messages : 5777
Date d'inscription : 05/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
C'est aussi très spécifique à la France, voire l'Europe.
Dynamique complètement différente ailleurs, notamment en Amérique et, plus spécifiquement, au Québec et en Ontario.
Dynamique complètement différente ailleurs, notamment en Amérique et, plus spécifiquement, au Québec et en Ontario.
Invité- Invité
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Ludwig Desjardins a écrit:Mais Yves la position de la RVF demeure un cas de liberté d'expression, au même titre qu'un critique cinéma peut descendre un film qui lui paraît moins bon. Si par la suite le producteur lui bloque l'accès aux projections de presse, j'ai un malaise...
Ce qu'on lit beaucoup ici relève de la logique que la critique sert avant tout à faire vendre le vin, et que si ce n'est pas le cas on peut tout simplement l'ignorer.
Il me semble que le rôle du critique face au public ne doit pas être reduit à cette logique purement mercantile. Si tous les producteurs qui se sentent lésés agissaient ainsi l'amateur perdrait beaucoup au final.
Bien sûr qu'ils ont le droit de s'exprimer, ce n'est pas mon propos. Qui a bloqué quel accès à quoi??
Sauf erreur Ludwig, c'est la RVF qui a suspendu sa couverture parce qu'elle n'a plus d'échantillons, non? Elle conserve le droit de commenter voire de critiquer négativement. Ce qui m'agace est cette attitude que les producteurs devraient fournir gratuitement leurs produits, que tout est dû au Prince Critique. C'est l'autre aspect de la médaille, dont Bettane ne touche mot.
La réalité est que bien des traitements royaux leurs sont réservés, pour obtenir leurs faveurs. Il y a un risque de développer une accoutumance au traitement royal et de croire que c'est normal, que ça leur est dû.
Yves Martineau- Messages : 8403
Date d'inscription : 07/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Le lecteur est toujours avide d'évaluations, de notes, de comparaisons car il s'est forgé une hiérarchie personnelle incluant ses dégustations et celles de ceux qui donnent le "la" de la critique internationale. En fait je crois sincèrement que personne n'est neutre quand il déguste, y compris à l'aveugle car ce qu'il aime au fil du temps ce sont les vins qu'il a découvert - où qu'on lui a indiqué - et apprécié et qui ont forcément un style. Aimer l'oxydatif d'un vieux Tawny ET les notes fraîches d'un jeune vintage n'est pas donné à tout le monde. J'explique cela à longueur de temps à mon fils car il est impératif de toujours essayer de comprendre et d'observer le positif d'un vin avant d'en évoquer les possibles manques.
Ainsi le moment de la dégustation n'a à mon sens aucune importance, tout comme sa mise en œuvre en aveugle, demi-aveugle ou visuelle. Le goût du vin ne changera pas face au palais de celui qui déguste et si ses perceptions sont guidées par une trop grande importance de son activité sous-corticale... C'est qu'il manque d'humilité et de probité.
Bizeul a raison, certains vins ne sont plus évaluables car ils pèsent trop lourd de par leur influence et car ils sont le socle sur lequel les autres sont évalués. Une assise incontournable et immuable qui souvent s'érode mais qui perdure par soucis de stabilité et par facilité. Nous avons tous connus de difficultés avec des bouteilles et des millésimes moins parfaits, rien ne nous est epargné et chaque jour est un examen qui voit quelques bouteilles évaluées par des professionnels du vin, des journalistes ou des amateurs chevronnés ou pas... Seuls les premiers ont des compétences avérées, et les meilleurs des autres ne disposent que de leur volonté et de leur sincérité. Un médecin accepterait-il que j'évalue son diagnostic, un comptable me ferait- il relire un bilan, un architecte entendrait-il mes critiques sur les plans d'un ouvrage d'art?
Bizeul est légitime - on ne m'accusera pas de collusion avec lui! - lorsqu'il annonce - entre les lignes - que cette foire là n'est qu'une rodomontade égotique et que pour ceux fustigés il est nombre d'ayant droits ayant blanc seing pour toujours être devant. Quoi qu'il arrive.
Ainsi le moment de la dégustation n'a à mon sens aucune importance, tout comme sa mise en œuvre en aveugle, demi-aveugle ou visuelle. Le goût du vin ne changera pas face au palais de celui qui déguste et si ses perceptions sont guidées par une trop grande importance de son activité sous-corticale... C'est qu'il manque d'humilité et de probité.
Bizeul a raison, certains vins ne sont plus évaluables car ils pèsent trop lourd de par leur influence et car ils sont le socle sur lequel les autres sont évalués. Une assise incontournable et immuable qui souvent s'érode mais qui perdure par soucis de stabilité et par facilité. Nous avons tous connus de difficultés avec des bouteilles et des millésimes moins parfaits, rien ne nous est epargné et chaque jour est un examen qui voit quelques bouteilles évaluées par des professionnels du vin, des journalistes ou des amateurs chevronnés ou pas... Seuls les premiers ont des compétences avérées, et les meilleurs des autres ne disposent que de leur volonté et de leur sincérité. Un médecin accepterait-il que j'évalue son diagnostic, un comptable me ferait- il relire un bilan, un architecte entendrait-il mes critiques sur les plans d'un ouvrage d'art?
Bizeul est légitime - on ne m'accusera pas de collusion avec lui! - lorsqu'il annonce - entre les lignes - que cette foire là n'est qu'une rodomontade égotique et que pour ceux fustigés il est nombre d'ayant droits ayant blanc seing pour toujours être devant. Quoi qu'il arrive.
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
J'ai lu avec intérêt le billet de Michel Bettane ainsi que - en diagonale il est vrai - les nombreuses réactions qu'il a suscité sur les sites sus mentionnés.
Mon angle d'approche est qu'il s'agit en fait d'un faux problème, du moins quand à la conclusion que Jean Parent tire lorsqu'il dit :
Michel Bettane dénonce la croissante dictature du goût que veulent imposer aux amateurs que nous sommes quelques producteurs avant tout soucieux, les malins, d'éviter la critique et ainsi de consolider une politique de prix pas nécessairement en phase avec la qualité de leurs vins, surtout quand on les compare aux crus voisins.
C'est, à mon avis, grandement surestimer l'importance du critique dans la vente de vin haut de gamme. Si je me base sur des observations faites depuis plus de 15 ans, l'effet maximal d'un critique est dans le contexte suivant : Octroyer une note très élevée à un vin se vendant relativement peu cher.
Ici "note très élevée" est autour de 95-100pts ou équivalent sur les autre échelles. Et "peu cher" est à prendre en comparaison avec les grands vins de ce monde. On parle donc, pour ne prendre que quelques exemples, Parker et de nombreuses cuvées à CNdP vendues autour de 50-100$, Bettane&Dessauve accordant pendant des années des notes presque parfaites (sur 10 à l'époque) aux vins de Philippe Alliet ou encore quelques produits mis de l'avant au palmarès Top100 du Wine Spectator.
Il y a une difficulté - et elle est notable - c'est qu'en octroyant de telles notes à des produits encore peu chers, le critique peut mettre à mal sa crédibilité. A ce jeu je dirais que, culturellement, les américains sont prêts à prendre plus de risques et il en découle une influence plus grande sur le marché pour ceux qui survivent.
Or les vins dont parle Jean (et très certainement Michel Bettane, mais ce n'est pas parfaitement clair) ne sont pas dans cette catégorie. Ce sont le plus souvent des vins vendus déjà très chers et dont la réputation ne s'est pas construite sur cette étrange conception que nous avons presque tous, amateurs passionnés, du "rapport qualité/prix parmi les grands vins du monde".
Que Claude Dugat ou le Clos Rougeard soumettent leurs vins à Michel Bettane, n'a que très peu d'impact sur leurs ventes aujourd'hui. Même chose pour Beaucastel qui, malgré une hausse des prix importante au fil des ans, continue à bien vendre ses vins quoique la RVF ne déguste pas d'échantillons gratuits.
A la base, la critique du vin est une action finalement assez insoutenable moralement : on ne peut à la fois dépendre d'échantillons gratuits à répétition et vraiment dire ce qu'on pense des vins. Tout au mieux, les palais avertis dans la profession pourront faire part aux amateurs des vins qu'ils ont apprécié. Ceci n'est que la moitié de l'activité "critique" et c'est celle qui satisfait les producteurs. L'autre partie est beaucoup plus délicate et c'est le droit le plus strict des producteurs d'être exigeants face aux standards de ceux qui critiquent sévèrement leurs vins. C'est ce que Patrick Essa dit très élégamment quand il affirme :
chaque jour est un examen qui voit quelques bouteilles évaluées par des professionnels du vin, des journalistes ou des amateurs chevronnés ou pas... Seuls les premiers ont des compétences avérées, et les meilleurs des autres ne disposent que de leur volonté et de leur sincérité.
J'ai pris il y a quelques années la décision de me ranger du côté sérieux des choses vinicoles... et mes interactions avec bon nombre de vignerons et (un nombre plus limité de) représentants de la presse m'ont mené au constat clair qu'il est facile de trouver des vignerons sérieux et difficile d'en trouver parmi les journalistes du vin. Un fois ce constat fait, les opinions méta-vinicoles de Michel Bettane, James Suckling ou autres Jeff Leve m'importent assez peu finalement, tout comme leurs notes d'ailleurs!
Je ne suis donc pas solidaire de la demande de Michel Bettane d'avoir accès gratuitement aux échantillons convoités par le "pauvre" critique, tout simplement parce que l'exercice n'est pas essentiel, voire même pas très important, et je fais confiance aux vignerons qui m'intéressent (au point de mettre des quilles en cave) pour agir avec probité.
Mon angle d'approche est qu'il s'agit en fait d'un faux problème, du moins quand à la conclusion que Jean Parent tire lorsqu'il dit :
Michel Bettane dénonce la croissante dictature du goût que veulent imposer aux amateurs que nous sommes quelques producteurs avant tout soucieux, les malins, d'éviter la critique et ainsi de consolider une politique de prix pas nécessairement en phase avec la qualité de leurs vins, surtout quand on les compare aux crus voisins.
C'est, à mon avis, grandement surestimer l'importance du critique dans la vente de vin haut de gamme. Si je me base sur des observations faites depuis plus de 15 ans, l'effet maximal d'un critique est dans le contexte suivant : Octroyer une note très élevée à un vin se vendant relativement peu cher.
Ici "note très élevée" est autour de 95-100pts ou équivalent sur les autre échelles. Et "peu cher" est à prendre en comparaison avec les grands vins de ce monde. On parle donc, pour ne prendre que quelques exemples, Parker et de nombreuses cuvées à CNdP vendues autour de 50-100$, Bettane&Dessauve accordant pendant des années des notes presque parfaites (sur 10 à l'époque) aux vins de Philippe Alliet ou encore quelques produits mis de l'avant au palmarès Top100 du Wine Spectator.
Il y a une difficulté - et elle est notable - c'est qu'en octroyant de telles notes à des produits encore peu chers, le critique peut mettre à mal sa crédibilité. A ce jeu je dirais que, culturellement, les américains sont prêts à prendre plus de risques et il en découle une influence plus grande sur le marché pour ceux qui survivent.
Or les vins dont parle Jean (et très certainement Michel Bettane, mais ce n'est pas parfaitement clair) ne sont pas dans cette catégorie. Ce sont le plus souvent des vins vendus déjà très chers et dont la réputation ne s'est pas construite sur cette étrange conception que nous avons presque tous, amateurs passionnés, du "rapport qualité/prix parmi les grands vins du monde".
Que Claude Dugat ou le Clos Rougeard soumettent leurs vins à Michel Bettane, n'a que très peu d'impact sur leurs ventes aujourd'hui. Même chose pour Beaucastel qui, malgré une hausse des prix importante au fil des ans, continue à bien vendre ses vins quoique la RVF ne déguste pas d'échantillons gratuits.
A la base, la critique du vin est une action finalement assez insoutenable moralement : on ne peut à la fois dépendre d'échantillons gratuits à répétition et vraiment dire ce qu'on pense des vins. Tout au mieux, les palais avertis dans la profession pourront faire part aux amateurs des vins qu'ils ont apprécié. Ceci n'est que la moitié de l'activité "critique" et c'est celle qui satisfait les producteurs. L'autre partie est beaucoup plus délicate et c'est le droit le plus strict des producteurs d'être exigeants face aux standards de ceux qui critiquent sévèrement leurs vins. C'est ce que Patrick Essa dit très élégamment quand il affirme :
chaque jour est un examen qui voit quelques bouteilles évaluées par des professionnels du vin, des journalistes ou des amateurs chevronnés ou pas... Seuls les premiers ont des compétences avérées, et les meilleurs des autres ne disposent que de leur volonté et de leur sincérité.
J'ai pris il y a quelques années la décision de me ranger du côté sérieux des choses vinicoles... et mes interactions avec bon nombre de vignerons et (un nombre plus limité de) représentants de la presse m'ont mené au constat clair qu'il est facile de trouver des vignerons sérieux et difficile d'en trouver parmi les journalistes du vin. Un fois ce constat fait, les opinions méta-vinicoles de Michel Bettane, James Suckling ou autres Jeff Leve m'importent assez peu finalement, tout comme leurs notes d'ailleurs!
Je ne suis donc pas solidaire de la demande de Michel Bettane d'avoir accès gratuitement aux échantillons convoités par le "pauvre" critique, tout simplement parce que l'exercice n'est pas essentiel, voire même pas très important, et je fais confiance aux vignerons qui m'intéressent (au point de mettre des quilles en cave) pour agir avec probité.
Olivier Collin- Messages : 2482
Date d'inscription : 03/06/2009
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Olivier la conclusion dont tu parles ne vient pas de Jean mais plutôt de Mauss dans son billet sur le blog du GJE (voir lien mis par Jean).
Ludwig Desjardins- Messages : 5777
Date d'inscription : 05/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Effectivement, la conclusion de Mauss, paraphrasant Bettane, telle que relatée (sans citation) par Jean... Ca ne change pas grand chose, mais merci pour la précision.
Olivier Collin- Messages : 2482
Date d'inscription : 03/06/2009
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Olivier ton texte est très intéressant et je comprend que l'histoire d'échantillon gratuit ressemble un peu à de l'enfantillage. Toutefois ton jugement de la critique vin me semble assez dur. Est-ce que tu serais tenté de généraliser ton constat par rapport à d'autres domaines par exemple les critiques de musique, de gastronomie, d'art, de littérature ou de cinéma?
Tu sembles laisser sous-entendre que les critiques vins sont moins "sérieux" que les vignerons en général, mais est-ce que leur rôle devrait vraiment être de comprendre et d'expliquer le vin de la perspective du vigneron? Au même titre qu'un critique de littérature qui juge un roman, je ne vois pas en quoi il est moins sérieux parce qu'il ne saisit pas l'œuvre sous l'angle de celui l'a écrit. Plusieurs grands créateurs ont même déjà dit que la critique leur a permis de redéfinir leur art, car elle leur renvoyait une image d'eux-mêmes particulière qu'il n'aurait jamais eu autrement. Je ne vois pas en quoi ce serait différent dans le monde du vin, à part si le critique vin sort de sa zone de connaissance en s'avançant sur des sujets qu'il ne maîtrise pas. Mais s'il reste dans une description perceptuelle du vin, c'est tout de même assez pertinent peu importe ce que le vigneron peut en penser. Ainsi, je ne pense pas qu'il n'y a qu'une seule manière respectable d'être "sérieux" par rapport au vin.
Tu sembles dire que tes choix d'achat se basent sur des vignerons en qui tu as confiance. Mais il doit bien y avoir certains critiques vins qui t'ont enligné sur ces mêmes vignerons par le passé?
Tu sembles laisser sous-entendre que les critiques vins sont moins "sérieux" que les vignerons en général, mais est-ce que leur rôle devrait vraiment être de comprendre et d'expliquer le vin de la perspective du vigneron? Au même titre qu'un critique de littérature qui juge un roman, je ne vois pas en quoi il est moins sérieux parce qu'il ne saisit pas l'œuvre sous l'angle de celui l'a écrit. Plusieurs grands créateurs ont même déjà dit que la critique leur a permis de redéfinir leur art, car elle leur renvoyait une image d'eux-mêmes particulière qu'il n'aurait jamais eu autrement. Je ne vois pas en quoi ce serait différent dans le monde du vin, à part si le critique vin sort de sa zone de connaissance en s'avançant sur des sujets qu'il ne maîtrise pas. Mais s'il reste dans une description perceptuelle du vin, c'est tout de même assez pertinent peu importe ce que le vigneron peut en penser. Ainsi, je ne pense pas qu'il n'y a qu'une seule manière respectable d'être "sérieux" par rapport au vin.
Tu sembles dire que tes choix d'achat se basent sur des vignerons en qui tu as confiance. Mais il doit bien y avoir certains critiques vins qui t'ont enligné sur ces mêmes vignerons par le passé?
Ludwig Desjardins- Messages : 5777
Date d'inscription : 05/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Ton message soulève plusieurs points importants et légitimes et je vais tenter d'amener les précisions nécessaires au message précédent pour lever certaines ambiguïtés qui auront pu être lues dans mon premier message sur ce fil de discussion.
Je vois au moins trois différences fondamentales entre la critique du vin et celle celle de la musique ou la littérature (je prends ces deux exemples car ils me semblent plus révélateurs) :
1) le critique sérieux de musique ou de littérature a en commun avec le créateur un apprentissage du domaine voire de la création elle-même. En fait parmi les critiques les plus importants (en termes d'écrits qui restent dans le temps) on retrouve bon nombre de musiciens ou écrivains au fil des siècles, y compris le dernier. Certes il y a eu une spécialisation de la connaissance, mais les racines sont communes.
Ceci est essentiellement inexistant dans le monde du vin. La vaste majorité des critiques n'a qu'une connaissance très sommaire de l'expérience nécessaire dans un vignoble et dans les chais pour l'élaboration du vin. De très rares exceptions arrivent à transcender ceci, du moins nous le pensons en consultant leurs écrits, mais ils ne me semblent pas représentatifs de ce que je vois dans le monde de la critique du vin.
2) Le rôle de l'analyse pour la critique du vin est assez limité quand on consulte les écrits. Le bu premier est de dire ce qui est recommandable pour le consommateur, alors que dans la critique musicale ou littéraire on doit donner un argumentaire convainquant pour faire valoir son point de vue. Il y a un travail de fond bien plus colossal qui est fait dans ces domaines pour même espérer arriver à être publié et encore plus pour être écouté. Dans le monde du vin, même Bob Parker s'est bien rendu compte que les gens se concentraient sur quelques caractères (x/100) et ses descriptions sont devenues au fil du temps assez paresseuses merci. On répète à chaque année essentiellement le même commentaire. Une telle situation ne se rencontre pas dans la critique musicale ou littéraire, sauf quand c'est vraiment minable.
3) Le coût financier pour analyser les plus grandes oeuvres musicales ou littéraires n'a aucune commune mesure avec ce que l'on voit dans le monde du vin. On ne doit pas débourser 2 000$ pour un échantillon du dernier roman d'un prix Nobel de littérature... Ceci place le critique dans une indépendance d'esprit qui n'a à mon avis aucune commune mesure avec celle dans laquelle évoluent les critiques vinicoles.
Je ne pense pas avoir sous-entendu que le rôle du critique est de faire découvrir l'angle sous lequel un créateur a élaboré (du vin, une pièce musicale, un roman, etc). Je pense par contre que le critique et le créateur doivent avoir une base commune sur laquelle échanger. Dans le cas du vin, ça se résume souvent au fait que les deux aiment probablement le vin... Est-ce qu'un vigneron sérieux peut vraiment apprendre de l'opinion organoleptique d'un dégustateur lambda qui en est rendu à son 119ème échantillon et s'est prêté à toutes les pirouettes sociales attendues de lui dans son milieu de critique? Non. Or la majorité des dégustations ne se font pas dans un contexte méditatif, mais plutôt un contexte de "concours" qui n'a que très peu à voir avec les conditions normales d'analyse ou de dégustation du vin.
Dans mon texte, je n'ai jamais dit qu'aucun critique ne m'influence, contrairement à ce que suggère la fin de ton message. J'ai dit que Michel Bettane, James Suckling ou Jeff Leve ne m'influencent pas. J'aurais pu en ajouter une trâlée... J'ai une préférence pour les Kermit Lynch, Terry Theise, Michel Dovaz et autres Michael Broadbent de ce monde qui me disent plus ce qu'ils aiment que ce qui est bon. Je ne serai pas insensible à une excellente notation d'un Parker, Meadows (quoique prévisible), Quarin ou Halliday, mais j'aime mieux lire sur les vignerons et me faire une idée moi-même si possible.
J'ai accepté il y a longtemps qu'on ne pourra tout connaître en matière de vin et qu'il y a trop de grands vins de par le monde pour mon porte-feuille.... Je me fais donc plaisir quand je mets quelque chose en cave et ça provient très rarement de suggestions issues de la critique vinicole.
Je vois au moins trois différences fondamentales entre la critique du vin et celle celle de la musique ou la littérature (je prends ces deux exemples car ils me semblent plus révélateurs) :
1) le critique sérieux de musique ou de littérature a en commun avec le créateur un apprentissage du domaine voire de la création elle-même. En fait parmi les critiques les plus importants (en termes d'écrits qui restent dans le temps) on retrouve bon nombre de musiciens ou écrivains au fil des siècles, y compris le dernier. Certes il y a eu une spécialisation de la connaissance, mais les racines sont communes.
Ceci est essentiellement inexistant dans le monde du vin. La vaste majorité des critiques n'a qu'une connaissance très sommaire de l'expérience nécessaire dans un vignoble et dans les chais pour l'élaboration du vin. De très rares exceptions arrivent à transcender ceci, du moins nous le pensons en consultant leurs écrits, mais ils ne me semblent pas représentatifs de ce que je vois dans le monde de la critique du vin.
2) Le rôle de l'analyse pour la critique du vin est assez limité quand on consulte les écrits. Le bu premier est de dire ce qui est recommandable pour le consommateur, alors que dans la critique musicale ou littéraire on doit donner un argumentaire convainquant pour faire valoir son point de vue. Il y a un travail de fond bien plus colossal qui est fait dans ces domaines pour même espérer arriver à être publié et encore plus pour être écouté. Dans le monde du vin, même Bob Parker s'est bien rendu compte que les gens se concentraient sur quelques caractères (x/100) et ses descriptions sont devenues au fil du temps assez paresseuses merci. On répète à chaque année essentiellement le même commentaire. Une telle situation ne se rencontre pas dans la critique musicale ou littéraire, sauf quand c'est vraiment minable.
3) Le coût financier pour analyser les plus grandes oeuvres musicales ou littéraires n'a aucune commune mesure avec ce que l'on voit dans le monde du vin. On ne doit pas débourser 2 000$ pour un échantillon du dernier roman d'un prix Nobel de littérature... Ceci place le critique dans une indépendance d'esprit qui n'a à mon avis aucune commune mesure avec celle dans laquelle évoluent les critiques vinicoles.
Je ne pense pas avoir sous-entendu que le rôle du critique est de faire découvrir l'angle sous lequel un créateur a élaboré (du vin, une pièce musicale, un roman, etc). Je pense par contre que le critique et le créateur doivent avoir une base commune sur laquelle échanger. Dans le cas du vin, ça se résume souvent au fait que les deux aiment probablement le vin... Est-ce qu'un vigneron sérieux peut vraiment apprendre de l'opinion organoleptique d'un dégustateur lambda qui en est rendu à son 119ème échantillon et s'est prêté à toutes les pirouettes sociales attendues de lui dans son milieu de critique? Non. Or la majorité des dégustations ne se font pas dans un contexte méditatif, mais plutôt un contexte de "concours" qui n'a que très peu à voir avec les conditions normales d'analyse ou de dégustation du vin.
Dans mon texte, je n'ai jamais dit qu'aucun critique ne m'influence, contrairement à ce que suggère la fin de ton message. J'ai dit que Michel Bettane, James Suckling ou Jeff Leve ne m'influencent pas. J'aurais pu en ajouter une trâlée... J'ai une préférence pour les Kermit Lynch, Terry Theise, Michel Dovaz et autres Michael Broadbent de ce monde qui me disent plus ce qu'ils aiment que ce qui est bon. Je ne serai pas insensible à une excellente notation d'un Parker, Meadows (quoique prévisible), Quarin ou Halliday, mais j'aime mieux lire sur les vignerons et me faire une idée moi-même si possible.
J'ai accepté il y a longtemps qu'on ne pourra tout connaître en matière de vin et qu'il y a trop de grands vins de par le monde pour mon porte-feuille.... Je me fais donc plaisir quand je mets quelque chose en cave et ça provient très rarement de suggestions issues de la critique vinicole.
Dernière édition par Olivier Collin le Mar 15 Sep 2015 - 15:50, édité 1 fois (Raison : orthographe)
Olivier Collin- Messages : 2482
Date d'inscription : 03/06/2009
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Superbe réflexion Olivier, merci.
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"Mes goûts sont simples, je me contente aisément de ce qu'il y a de meilleur" - Winston Churchill
Vincent Messier-Lemoyne- Messages : 8737
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Age : 40
Localisation : Montréal
Re: Un problème majeur selon Michel Bettane
Excellente lecture de vacances!
L'idée que je me fais du critique,
Critique = guide pour les amateurs
Critique = sorte de représentant des Domaine
Critique = chanceux qui voyage et déguste gratuitement!
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WineBoy
La dégustation à l'aveugle est une grande leçon d'humilité.
Michel Therrien- Messages : 10026
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