Cuvée du Vatican Réserve Sixtine 2009

Not for the faint of heart...

Le Domaine Cuvée du Vatican n'est pas un de ceux qui fait le plus de vagues médiatiques, et ce depuis pratiquement toujours, malgré son histoire bien établie dans la commune. D'une taille moyenne, faisant deux cuvées en Châteauneuf rouge sans qu'aucune ne puisse vraiment être qualifiée de prestigieuse, il s'agit d'une des nombreux domaines ayant connu une transition d'une génération (Félicien Diffonty) à l'autre (Jean-Marc, son fils) amenant certaines idées modernes (éraflage, maturité plus grande, élevages plus courts et mixtes donnant une bonne part aux petits fûts dont une partie non-négligeable est neuve, densité de matière, extraction, développement du duo syrah/mourvèdre, etc).

Il y avait un certain temps que je n'avais pas acheté un vin du domaine et cette Réserve Sixtine 2009 me paraît faire admirablement le point sur l'orientation actuelle du domaine : oui c'est mûr, puissant et vineux, vinifié et élevé avec soin, mais c'est aussi élaboré dans la grande tradition castelpapale des vins de garde. On est loin des Rayas, Charvin et compagnie, mais l'approche est également différente des Grand Veneur, Mordorée, Autard, etc.

D'une couleur soutenue sans être opaque, brillante et bien jeune, la robe est visqueuse et annonce les 15.5% d'alcool de ce vin. Le nez est d'une très belle intensité et séduit par la variété des arômes, sans aucune note de surmaturité : kirsch, notes florales de lilas puis de lavande, gelée de cassis, une note crémeuse (légère perception d'élevage), puis une évolution dans le verre avec un peu d'orange sanguine.
Au palais le vin offre un intrigant mélange de puissance, de richesse en alcool et en extrait alliées une pureté de fruit et à une finesse en rétro-olfaction. L'abondance de tanins est bien équilibrée par la texture agréable amenée par une acidité plus basse, mais il y a un risque de fermeture du vin au cours des prochaines années. Relents de thé, minéralité et structure assumées en finale. Une bouteille promise à un très bel avenir, qui donne un peu dans le raw pleasure pour l'instant. A boire 2011-2013 sur le fruit, puis 2020-2030 à maturité. 92-94pts.

Voilà du talent intelligemment mis à profit.

Ai aussi goûté le vin. J'ai noté un style fougueux, voire robuste, avec un fruité dense et joufflu où les facettes du grenache semblent dominer. Profond, il annonce un bon potentiel. 16,5 - 17/20

En comparant rapidement, sur le même millésime, je le trouve assez près du style vineux et serré de la Janasse avec peut-être le côté animal en moins. J'ai toutefois préféré l'aspect aérien du Vieux Donjon.